Rencontre avec Pierre Loonis d’A2D (Acquisition & Action Drone) et Bruno Baron, président d’OIP Atlantique

Rencontre avec Pierre Loonis d’A2D (Acquisition & Action Drone) et Bruno Baron, président d’OIP Atlantique

10 janv. 2023

Avant tout, qu’est-ce que A2Drone et OIP Atlantique ?

Créée en 2017, Acquisition & Action Drone (A2D) est une startup spécialisée dans l’acquisition de données par drone, leur gestion et leur interprétation grâce à l’intelligence artificielle. Elle développe des outils d’aide à la décision adaptés aux spécificités et aux besoins de ses clients.

Quant à OIP Atlantique (Opérateur d’Innovation Portuaire) c’est une filiale de Port Atlantique La Rochelle, le Grand Port maritime de La Rochelle. Sa mission est d’encourager l’émergence de projets innovants privés et publics et d’en accompagner l’expérimentation sur le domaine portuaire.

Un trophée remporté

Sollicitée par l’OIP, A2D a conçu un « outil logiciel d’aide à la décision permettant l’analyse automatique de détérioration des infrastructures maritimes », lequel a permis à l’OIP de recevoir le Trophée « Port du Futur 2022 » dans la catégorie innovation digitale lors des 12èmes Assises du Port du Futur qui se sont tenues à Lorient les 4 et 5 octobre de cette année.

Pierre, pouvez-vous nous présenter Acquisition & Action Drone ?

Pour faire simple, nous avons voulu développer un outil qui puisse assister l’humain, d’abord en le déchargeant de tâches fastidieuses et chronophages de collectes de données et ensuite en lui permettant d’exploiter facilement ces données, incontestablement fiables car toujours traitées de la même façon par l’Intelligence Artificielle.

L’autre axe de développement était d’élaborer un outil générique, une solution qui soit transposable d’un secteur d’activité à un autre avec « quelques » aménagements afin de rendre ce système beaucoup plus accessible que s’il devait être développé pour une seule entreprise ou un seul secteur d’activité. Nous avons pensé nos codes de manière générique pour pouvoir par la suite, grâce à nos algorithmes d’Intelligence Artificielle (IA), développer des applicatifs ciblés ou outils de prise de décision adaptés aux spécificités métiers.

Le drone et encore plus la rapidité avec laquelle il s’est développé ont été des vecteurs importants : le drone est le moyen technique qui permet d’amener un capteur de haute technologie in situ pour collecter les données, chaque fois de manière identique, régulièrement et sans infrastructure lourde à installer comme des échafaudages par exemple. Lesquelles données sont traitées, interprétées pour être ensuite exploitées.

Bruno, comment avez-vous connu A2D et rencontré Pierre ?

L’OIP a pour objectif de valoriser les savoir-faire sur le domaine portuaire avec comme fil conducteur l’innovation qui est au cœur du projet stratégique 2020/24 de Port Atlantique La Rochelle. Notre volonté est donc de faire émerger des projets innovants dédiés aux métiers portuaires.

J’avais déjà eu connaissance des travaux de Pierre il y a vingt ans quand il était enseignant chercheur à l’Université de La Rochelle. Je fais également partie du Comité Stratégique de La Rochelle Technopole avec qui il m’arrive d’échanger à propos de certaines startups accompagnées.

Lorsque A2D a rejoint La Rochelle Technopole en 2020, dans les mois qui ont suivi, Jérôme Besseau de LRT, qui suit A2D nous a mis en contact, au printemps 2021, au moment même où l’OIP se mettait en place.

Pierre et son équipe avait développé un outil spécifique à Enedis pour surveiller les lignes Hautes Tensions, qui avait largement fait ses preuves. De par mon expérience, on a tout de suite parlé le même langage et on s’est mis à réfléchir à un type d’outil similaire d’acquisition, de gestion et d’interprétation de données par drone, mais appliqué au Génie Civil et plus particulièrement encore aux ouvrages d’art du port. Le projet MaPrAD (Maintenance Prédictive Automatisée par Drone) est ainsi né et a été développé avec les équipes du port présenté aux Assises Port du Futur en octobre 2022.

La Rochelle Technopole « cette vision d'après »

Pierre : Il faut préciser que, en arrivant à La Rochelle Technopole, le projet était éprouvé, mais j’avais besoin d’être accompagné pour passer à la phase de développement, de passer de l’expérimentation à la réalisation.

Là-dessus l’équipe LRT est très forte, ils ont cette « vision d’après », la capacité à imaginer des champs d’application plus larges pour lesquels ils n’hésitent pas à ouvrir des portes et faciliter la mise en relation.

Concrètement pouvez-vous nous décrire l’outil ?

Bruno :  Nous avons pu grâce au projet MaPrAD, établir la première cartographie numérique grandeur nature de la forme de radoub n°1 et le traitement informatisé et automatisé des images prises par drone. Cet outil permet donc de détecter les anomalies de la structure (fissure, infiltration, disjointement, etc.), de suivre les évolutions à chaque passage du drone, et surtout d’alerter de manière automatique les responsables de Port Atlantique La Rochelle chargés du suivi des infrastructures.

Cela demande beaucoup de travail en amont pour collecter et interpréter les données mais ensuite, de manière rapide, l’information est disponible pour permettre à l’humain de déterminer la gravité de l’anomalie et de prendre la bonne décision en toute connaissance.

Pierre : C’est effectivement long au départ, car il faut alimenter l’IA pour qu’elle puisse interpréter les images (reconnaissance des formes, classement, gestion des fausses détections, etc. en tenant compte de tous les paramètres, de l’environnement extérieur (pluie ou soleil, ombre portée…), avant de les comparer avec les nouvelles vues en toute pour déterminer les éventuelles évolutions. C’est tout un apprentissage pour reconnaitre, classer, ordonner… Afin d’accélérer le traitement des anomalies (fissures, fractures, …) par le service d’ingénierie de Port Atlantique, nous effectuons une reconstruction 3D de l’ouvrage d’art sur lequel les anomalies sont positionnées avec toutes leurs caractéristiques.

A partir de là, chaque anomalie peut être observée de près, annotée manuellement, mise en surveillance, classée par sévérité et si besoin soumise à un plan d’action.

Le but est de fournir une information qualifiée, dont l’interprétation a pris en compte le contexte global. L’IA ne décide rien, elle trie un grand nombre de données et les traduits en informations visuelles et objectives à un instant T.

L’outil est donc fait pour apporter les informations essentielles pour aider à la prise de la bonne décision – décision qui reste au final du seul ressort de l’appréciation humaine.

Bruno : Au vu des bénéfices apportés par cet outil, nous souhaitons étendre cette méthode sur d’autres ouvrages maçonnés du port, sur des ouvrages en béton armé, des enrochements de digues et rien ne nous empêche d’imaginer l’inspection de la base sous-marine au moyen d’un drone sous-marin !

Pierre : Notre solution a été très bien reçue lors des Assises du Futur, nous avons eu des contacts prometteurs avec d’autres ports (Marseille, Sète, Nantes-Saint Nazaire, Dunkerque…) et aussi à d‘autres acteurs industriels !

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